Tours s'est vue décerner le titre de capitale française de la biodiversité - qu’est-ce que cette reconnaissance représente pour la ville ?
C’est une très belle reconnaissance, parce qu’elle vient saluer une démarche collective et patiente. À Tours, nous avons choisi de considérer la nature non pas comme un décor, mais comme un véritable projet de ville. Cela se traduit par la gestion écologique de nos parcs, la désimperméabilisation des sols, la renaturation des rivières, la formation des agent·e·s, mais aussi par l’éducation, la culture et la participation citoyenne. Recevoir ce titre, c’est une fierté partagée : celle des équipes municipales, des associations, des chercheurs et chercheurs, et des habitant·e·s. Cela prouve qu’une grande ville peut être à la fois urbaine et vivante, moderne et naturelle. Au fond, cette distinction dit une chose simple : le rayonnement d’une ville ne se mesure plus seulement à ses équipements ou à son patrimoine, mais à sa capacité à s’adapter aux défis écologiques du XXIe siècle.
On le dit souvent en tant qu'écologistes : "Fin du monde, fin du mois, même combat" ! Comment vos jardins municipaux aident à répondre à cette double urgence ?
Nos Jardins gourmands et solidaires illustrent parfaitement cette conviction. Ils produisent chaque année plusieurs tonnes de légumes bio, cultivés par les agent·e·s de la ville et distribués gratuitement aux habitant·e·s les plus fragiles, grâce à un réseau d’associations de quartier. C'est toujours insuffisant, mais cela permet d'ancrer et concrétiser l'enjeu de la solidarité alimentaire. Il y a le sujet que les gens mangent à leur faim, avec des produits de qualité, mais que l'alimentation soit réappropriée dans toutes ses autres dimensions : éducation au goût et à la saisonnalité, lien social, convivialité, biodiversité, respect du vivant.
Autrement dit, on y réconcilie l’écologie du quotidien et la justice sociale - deux combats indissociables pour une ville qui veut à la fois protéger la planète et prendre soin de ses habitant·e·s.
Quelle est l'action que tu veux porter en priorité lors de ton prochain mandat ?
Sous ce mandat, nous avons planté plus de 40 000 arbres et arbustes. C’est considérable, mais encore trop peu face à l’ampleur du défi climatique et à l’érosion de la biodiversité. Nous sommes aujourd’hui frappés par la mortalité croissante des arbres, conséquence des sécheresses répétées et des canicules. Cela nous oblige à repenser nos pratiques et à placer la recherche sur les espèces les plus résilientes au cœur de nos travaux, en lien avec les chercheurs, les botanistes et les écoles du paysage. Si nous avons commencé à renforcer notre canopée, il nous faut désormais végétaliser nos rues pour en faire de vrais espaces publics à vivre, ombragés et accueillants. C’est une véritable ville-jardin qu’il s’agit de construire, pour corriger les errements du tout-artificialisation des cinquante dernières années. Pour une ville d’art et d’histoire comme Tours, avec un secteur sauvegardé important, c’est un défi exigeant, mais aussi un formidable levier d’innovation urbaine, qui peut inspirer d’autres villes ligériennes confrontées aux mêmes enjeux. Et bien sûr, nous voulons continuer à voir loin sur la Loire : faire du fleuve un parc naturel métropolitain, et créer une École de la Loire pour rassembler les initiatives autour de la faune, de la flore et de la culture du risque - en cohérence avec le travail déjà engagé sur la reconnaissance des droits du fleuve. C’est, au fond, notre ambition : lier la beauté, la connaissance et la protection du vivant.